L’Occident n’a pas encore absorbé toutes les implications de la descente de la Russie dans le nationalisme autoritaire. Un nouveau rapport soutient que les gouvernements occidentaux doivent réfléchir beaucoup plus profondément à leur niveau de soutien à l’Ukraine; comment répondre aux crises futures; et surtout, comment gérer la Russie à long terme pour une plus grande sécurité de l’Europe.
La cause profonde du défi posé à l’Occident par la Russie réside dans le développement interne du pays et son incapacité à trouver un modèle de développement satisfaisant après l’effondrement de l’Union soviétique. Vladimir Poutine et son entourage ne sont pas les mêmes que la Russie et son peuple, et leurs intérêts ne coïncident pas nécessairement. L’Occident n’a ni le désir ni les moyens de promouvoir, ni même d’empêcher, un changement de régime en Russie. Mais les pays occidentaux doivent considérer les conséquences possibles d’une fin chaotique du système Poutine.
L’Occident doit développer et mettre en œuvre une stratégie claire et cohérente envers la Russie. Dans la mesure du possible, cette stratégie doit reposer sur une évaluation transatlantique et européenne commune des réalités russes. En particulier, la politique devrait s’appuyer sur les preuves du comportement de la Russie, et non sur des récits pratiques ou à la mode.
Comme indiqué plus en détail dans le résumé au début de ce rapport, la stratégie de l’Ouest doit inclure les objectifs clairs suivants, et établir les moyens à court terme et les capacités à plus long terme pour les atteindre:
Objectifs stratégiques pour l’Occident
Dissuader et contraindre la coercition exercée par la Russie contre ses voisins européens, aussi longtemps que nécessaire, mais sans tracer de lignes de démarcation fixes. La porte doit rester ouverte pour un réengagement lorsque les circonstances changent. Cela ne peut être attendu avec confiance sous Poutine.
Restaurer l’intégrité d’un système de sécurité européen fondé sur la souveraineté, l’intégrité territoriale et le droit des États à déterminer leur propre destin.
Trouver de meilleurs moyens de communiquer au régime et au peuple russes qu’il est dans leur intérêt national à long terme de faire partie d’une Europe fondée sur des règles, et non d’une hégémonie régionale isolée.
Expliquer les politiques occidentales de manière cohérente et régulière dans les discussions avec la Chine et tous les anciens États soviétiques, dont la plupart ont des raisons de s’inquiéter de la politique russe, qu’ils l’admettent ou non.
Se préparer aux complications et opportunités qui seront inévitablement présentées par un éventuel changement de direction en Russie.
Ne pas isoler le peuple russe. Il n’est pas dans l’intérêt occidental d’aider Poutine à les couper du monde extérieur.
Objectifs politiques spécifiques
La reconstruction de l’Ukraine en tant qu’État souverain efficace, capable de se défendre, est cruciale. Cela nécessite la contribution d’efforts beaucoup plus importants que cela n’a été le cas jusqu’à présent.
Le partenariat oriental de l’UE doit être transformé en un instrument qui renforce la souveraineté et les économies des pays partenaires qui se sont montrés disposés à entreprendre de sérieuses réformes politiques et économiques.
L’efficacité des sanctions contre la Russie dépend de leur durée ainsi que de leur gravité. Tant que la question de la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne sera pas entièrement réglée, les sanctions devraient rester en place. Il est voué à l’échec de lier la levée des sanctions à la mise en œuvre des accords de Minsk mal conçus et intrinsèquement fragiles.
L’Occident ne devrait pas reprendre le statu quo dans des relations plus larges avec les autorités russes tant qu’il n’y aura pas un règlement acceptable du conflit ukrainien et le respect par la Russie de ses obligations juridiques internationales.
La politique énergétique de l’UE devrait viser à priver la Russie de son influence politique sur les marchés de l’énergie, plutôt qu’à retirer la Russie du mix d’approvisionnement européen.
Les États occidentaux doivent investir dans les communications stratégiques défensives et le soutien des médias afin de contrer les faux récits du Kremlin.
L’OTAN doit conserver sa crédibilité comme moyen de dissuasion contre l’agression russe. En particulier, il doit démontrer qu’une guerre limitée est impossible et que la réponse à une guerre «ambiguë» ou «hybride» sera robuste.
La capacité de dissuasion conventionnelle doit être restaurée de toute urgence et transmise de manière convaincante, pour éviter de présenter à la Russie des cibles invitantes.
Chaque État membre de l’UE et l’UE dans son ensemble doivent régénérer leur capacité d’analyser et de comprendre ce qui se passe en Russie et dans les États voisins. Cette compréhension doit ensuite servir de base à l’élaboration d’une politique.