C’est marrant, quand j’y pense. Il y a quelques années, lorsque la DRH me présentait un challenge commercial, j’avais tendance à devenir ronchon. Il faut dire que j’ai travaillé pour pas mal d’entreprises qui étaient plus habiles à tendre le bâton que de la carotte. Dans ces boîtes, la direction nous demandait de nous dépasser mais on donnait très peu en retour. Il fallait donc se donner à 300 % durant des semaines pour remporter des bonbons, très peu pour moi. La firme pour laquelle je travaille aujourd’hui a heureusement lu quelques articles sur le management. Parce que quand elle propose un challenge commercial, la dotation est proportionnelle à l’effort fourni. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec le sourire que je reçois le prochain challenge commercial, et je me donne à 200 %. C’est comme ça que, l’année dernière, j’ai déjà remporté un iPhone, des Wonderbox, des places VIP pour des matchs de foot… Si j’étais déjà enchanté de ce quatorzième mois, il y a quelques semaines, j’ai cependant remporté le gros lot : un voyage de 5 jours en Australie ! Pourtant, au départ, je dois admettre que je n’étais pas vraiment pressé à l’idée de ce voyage. J’aurais de loin préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, bien entendu (histoire de renforcer les liens entre employés, ce genre de choses). Le principe m’ennuyait pas mal. Un voyage entre collègues, ce n’est pas véritablement du boulot, mais ce n’est pas non plus des vacances. On ne se comporte pas de la même manière au travail et chez soi. Il y a un rôle à jouer, celui du type qui se relâche parce qu’il n’est plus au boulot… tout en prenant quand même garde à ce qu’il fait, parce que ses collaborateurs n’oublieront pas. Enfin, ça, c’est ce que je pensais. Une fois sur place, je me suis surtout rendu compte qu’un voyage entre collègues, parfois, ça permet tout autant d’être naturel. Mais d’un naturel très différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai perdu pas mal de neurones au cours de ce voyage, mais ça fait tout de même un bien fou. Je craignais surtout que les activités qu’on nous réserve sur place soient une compilation d’activités faussement exotiques. Vous avez déjà certainement vécu ce genre de choses : vous vous retrouvez dans une activité où vous avez l’impression d’être du bétail touristique. J’ai déjà eu l’occasion de vivre ce genre de moment durant certains voyages avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais ma direction a, une fois encore, su faire preuve d’intelligence : elle a fait appel à une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a proposé un voyage vraiment authentique. Si le programme s’est avéré vraiment chargé (c’était loin d’être reposant), ça a été un vrai plaisir : ce n’était pas un séjour touristique (le colon blanc parmi les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et les autres collègues. Je craignais surtout de ne pas apprécier les activités organisées sur place. Vous savez, comme ces chasses au trésor où l’on a l’impression de revenir en colo. Mon entreprise a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a su faire plaisir à ses collaborateurs en leur procurant ce voyage mais a surtout contribué à resserrer les liens entre ces derniers. Je pense que je suis en définitive arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais constamment d’enseigne. Aujourd’hui, je ne regarde même plus regarder dans le jardin du voisin. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de se sentir en paix.